Cours PLURITAL 2007-2008
Cours n° 2 (16 octobre 2007)
Caractères, écrans, claviers
Résumé
- Position du problème : historique et technique
- Lire : Typographie et informatique
- Écrire : Le clavier et ses usages.
Communication ?
Après avoir vu au cours précédent la nature exacte de l'information logée dans les fichiers,
et l'omniprésence des mécanismes interprétatifs,
voyons par quels procédés complexes l'ordinateur nous permet
- de lire : prendre connaissance du contenu des fichiers-textes
- et d'écrire : intervenir pour modifier ce contenu.
Nous admettons sans peine que pour afficher une image à l'écran, ou pour faire entendre le son d'un fichier audio,
plus encore pour faire jouer un fichier vidéo, il faut un logiciel sophistiqué et une forte puissance de calcul.
D'ailleurs, pour un fichier image nous distinguons bien l'affichage de la modification
(tout le monde ne sait pas se servir de PhotoShop !).
Plus encore pour un fichier audio ou vidéo (là, il faut être un spécialiste pour intervenir).
En revanche, s'il s'agit d'un fichier texte, nous avons l'illusion d'un contact direct, reproduisant notre expérience
de la feuille de papier sur laquelle nous lisons et nous écrivons (mais à l'ordinateur il nous faut renoncer à dessiner...).
Plus précisément, nous projetons sur l'usage conjugué de l'écran et
du clavier une image mentale héritée de la machine à écrire.
En particulier, nous imaginons que le caractère qui apparaît à l'écran
quand nous frappons une touche du clavier est mécaniquement lié à cette touche
et que son apparition est la conséquence directe de la frappe...
source :
http://www.agers.cfwb.be/apsdt/historiq.htm
Grave erreur !
Entre les octets dans le fichier et la forme des caractères à l'écran, un traitement d'information considérable a lieu.
De même, entre notre geste - frappe au clavier, sélection à la souris - et les octets envoyés dans le buffer
de l'éditeur de texte, un autre traitement d'information se produit.
Et la complexité des traitements que peuvent effectuer les machines modernes n'a point de limite !
Lire un (fichier) texte ?
Pas plus que lire une image !
Un fichier ne contient que des octets,
toute visualisation repose sur une interprétation.
Les fichiers-texte ne font pas exception à la règle !
Que ce texte soit la base d'une interprétation ultérieure (RTF, HTML)
ne change rien à l'affaire....
Démo : le même texte est exhibé de manières diférentes par différents outils
également compétents !
TextEdit, TextWrangler, Terminal (more & ed).
Ceci nous amène à interroger l'ordinateur sur ses capacités de scripteur
- car nous ne lisons que ce que l'ordinateur écrit pour nous.
Écrire un (fichier) texte ?
Pas plus simple que faire un dessin !
Il s'agit d'envoyer des octets dans un fichier,
ce qui ne peut se faire qu'au moyen d'un instrument ad hoc.
Le clavier n'est pas un instrument simple,
et il n'est pas le seul en usage (ex. du japonais).
L'ordinateur comme lecteur ?
- Un historique succinct va nous aider dans cette quête.
II. Typographie
Référence :
Haralambous
et plus
Notions succinctes sur la typographie
-
Vocabulaire : index typo,
police (Wikipédia, Linux, typo) =/= fonte (Linux)
Une police
de caractères en typographie est un ensemble de glyphes, c'est-à-dire
de représentations visuelles de caractères d'une même famille, qui
regroupe tous les corps et graisses d'une même famille, dont le style
est coordonné, afin de former un alphabet, ou la représentation de
l'ensemble des caractères d'un langage, complet et cohérent.
Il est fréquemment confondu avec le terme fonte
qui désigne l'ensemble des caractères correspondant aux même
caractéristiques de corps, graisse et italique au sein d'une même
police.
Par exemple :
Garamond est une police de caractère ;
le Garamond romain gras 12 points est une fonte.
[Wikipédia]
- L'irrésistible approche historique, chère aux typographes (artisans, artistes)
et la classification des polices (Thibaudeau, chrono, et Vox-ATypI) qui accompagne cette vision.
-
La classification Panose
plus opérationnelle (référence).
Retour à rtf pour la voir mise en œuvre (si nécessaire, demander au navigateur le code-source de la page).
-
Un coup d'œil à
Hœfler
pour apprécier l'art du typographe.
Informatisation de la typographie
-
La technique informatique :
l'opposition entre
- polices bitmap
[Wikipédia] les premières apparues
- et polices vectorielles
[Wikipédia] plus complexes mais plus performantes,
- voyez Wikipedia.
-
vient ajouter une couche de complexité supplémentaire : l'infini raffinement du rendu...
- Exemple 1 : (caché à l'utilisateur) l'anti-crénelage : aliasing,
anti-aliasing
- Exemple 2 : (à la disposition de l'utilisateur) le crénage (kerning) qui règle l'espace entre les lettres
pour tenir compte des chevauchements.
Commande du crénage dans une version déjà ancienne de Microsoft Word :
Résultat obtenu :
-
La technique de base actuelle :
truetype
[Wikipédia,
Wikipedia], en abrégé ttf (true type font).
- Complexité de la technique truetype
Une police ttf comprend tout un arsenal :
un jeu de dessins pour les glyphes, assortis d'instructions détaillées pour les mettre à l'échelle,
et une batterie de tables pour assurer la communication avec l'extérieur.
- Exemple de dessin de police ttf (police Mangal sous Windows) employant des courbes de Bézier
représentant le caractère "r voyelle" du sanskrit (en écriture devanâgari,
ci-dessous dans la police Devanagari MT sur Macintosh)
- Les tables
- du code indiquant le caractère vers le glyphe qui lui correspond : CMAP,
- pour trouver les ligatures MORT
- La vision Microsoft
La vision Apple et le format
AAT
-
Les polices sur l'ordinateur
- Chaque ordinateur possède une collection de polices, qui est considérée comme une ressource
relevant directement du système d'exploitation.
Cette collection de polices est à la disposition de tous les logiciels qui en ont besoin.
Il existe des outils permettant d'examiner cette collection :
par exemple le
TrueType Explorer.
Illustration montrant l'examen des facultés de crénage de la police Times New Roman avec TTE :
Sur les machines actuelles cette collection est très vaste !
- La collection de polices peut évidemment varier suivant l'usage qui est fait de l'ordinateur.
-
Un utilisateur expert en PAO se fournira auprès des grandes fonderies, comme Adobe
ou Hœfler & Frere-Jones.
On notera que les belles polices sont considérées commes des œuvres d'art,
et que leur acquisition peut être onéreuse.
- Cette vénérable tradition entre en conflit avec le courant du logiciel libre
et la pratique généralisée de la gratuité sur Internet.
Il y a là un phénomène de société digne d'intérêt.
- L'utilisateur ordinaire cherchera sur le réseau des polices gratuites,
sans doute de moindre qualité esthétique, mais suffisantes pour rendre les oppositions traditionnelles
entre serif et sans-serif, chasse constante et chasse variable, etc.
Sa préoccupation sera surtout de couvrir un maximum de types d'écritures du monde.
En effet, impossible de visualiser un texte si on ne dispose pas d'une police capable de l'afficher,
même avec un rendu médiocre !
Les possibilités sont en extension permanente :
- Ce que fait l'éditeur de texte ou le navigateur :
lorsque la police demandée (dans la page Web, par exemple) ne se trouve pas dans le collection locale,
il va chercher une police approchante : celle dont la distance Panose-1 avec la fonte manquante est
la moindre [Haralambous p. 21] (démo RTF).
Du moins, c'est ce qu'il est censé faire ! La réalité s'avère complexe et parfois décevante.
III. Clavier, palette etc.
Le clavier
- Tout en bas : les événements.
Le fonctionnement du clavier illustré par les réflexes "Keyboard" en JavaScript.
Le événements keydown, keyup et keypress livrent des informations différentes
que le système doit savoir utiliser...
(keydown et keyup ont un keyCode, et détectent Alt, Ctrl & Shift,
keypress n'a qu'un charCode qui (avecMac OS X)
donne exactement le numéro unicode du caractère défini par la combinaison de touches utilisée,
en fonction du clavier virtuel choisi :
par exemple, avec le clavier devanâgari ci-dessous, la frappe de "p" donne 2332,
qui est le n° unicode du caractère ज (l'affriquée sonore "dj").
Essayez pour voir !
- Changement de clavier virtuel et ses effets (ex. Terminal)
Le clavier devanâgari (MacOS X)
Mise en œuvre du clavier virtuel "hindi" sous Windows XP.
Si vous avez des difficultés pour y parvenir, lisez ceci !
La palette de caractères de Mac OS X
-
Dispositifs de saisie plus complexes
pour les écritures à base de caractères chinois.
On tape en transcription latine, le logiciel convertit automatiquement en caractères
et offre le choix en cas de doute.
L'exemple du japonais (hiragana, katakana et kanji) avec
Kotoeri.
Il faudrait ici une vidéo !