Bref historique de la communication
entre l'homme et l'ordinateur
Cours Plurital n° 2 (16 octobre 2007, mis à jour le
23/10/2009)
(L'expression communication homme-machine ayant un
sens précis dans la communauté informatique,
on préfère ne pas l'utiliser ici)
- Avant le couple clavier-écran
- Clavier et écran
alphanumérique
- Écran bitmap et
imprimante à laser
-
Avant
le couple clavier-écran
Aux commencements de l'informatique, la communication entre les
premiers ordinateurs
et les personnes de leur entourage était rudimentaire.
Il n'y avait ni clavier ni écran !
Les utilisateurs pouvaient communiquer avec la machine de deux manières
- Pour des ordres brefs :
- Un jeu de voyants lumineux permettait de visualiser
bit
par bit le contenu des registres.
- Il était assorti d'un jeu de clefs permettant de
modifier ce contenu et ainsi d'envoyer des ordres.
- Voici par exemple la
console de commande d'un monstre célèbre des années 60, l'IBM
Stretch.
- Pour fournir des données et recueillir des résultats :
- Les fichiers étaient réalisés par des piles de cartes
perforées (les perforations correspondant aux bits)
issues de la technologie mécanographique,
qui (en sortie) étaient produites par de bruyantes perforatrices,
et (en entrée) étaient envoyées en mémoire par des lecteurs de cartes.
- Lesdites piles de cartes pouvaient aussi être
converties en listings,
sur de longues bandes de papier munies de perforations latérales et
pliées feuille par feuille,
par les soins d'énormes imprimantes,
qui avaient aussi peu de rapports avec les imprimantes d'aujourd'hui
que les ordinateurs de l'époque avec nos portables quotidiens.
Ces imprimantes convertissaient les bits en caractères suivant des
codes variés,
dont le code ASCII est le seul survivant.
Voyez par exemple à quoi ressemblait l'imprimante IBM
1403 dans les années 60,
une image du listing d'un des programmes de la mission lunaire Apollo-11 (source),
et le lecteur de cartes IBM
2501 dans les années 70.
Clavier
et écran alphanumérique
Cette situation a peu évolué, dans son principe, jusqu'aux années 80.
Les piles de cartes ont cédé la place aux rubans perforés, puis aux
bandes magnétiques, puis aux disques idem.
Les voyants lumineux et les clefs ont été remplacés par des écrans
cathodiques assortis de claviers (consoles).
Ces consoles ont survécu longtemps comme instruments de commande et de
contrôle.
Le modèle le plus célèbre est le VT-100 de Digital Equipment
Corporation (photo,
info).
Les imprimantes se
sont allégées, et se sont rapprochées des machines à écrire électriques,
grâce à la technique des imprimantes
à marguerite.
Ces changements ont modifié considérablement la communication
homme-machine, cela va sans dire,
mais du point de vue qui nous occupe ici, la correspondance demeure
entre un caractère-machine (ASCII)
et un signe unique, dont le rendu graphique ne dépend que du médium
utilisé (écran alphanumérique ou imprimante).
Un a est
un a, il
n'est pas tracé exactement de la même manière sur l'écran d'un console
DEC VT100
et sur une imprimante à marguerite mais il n'est pas question de lui
demander de paraître incliné (en italique)
ou en gras (sur la VT-100, toutefois, on pourra obtenir un effet de
vidéo inverse : blanc sur fond noir).
On peut encore observer ce comportement archaïque dans la fenêtre Invite de commandes de Windows XP,
où il est simulé. En voici un échantillon.
-
Écran
bitmap et imprimante à laser
Les choses changent avec l'apparition concomitante des écrans bitmap (alias
écrans matriciels) et des imprimantes à laser.
La caractéristique de l'écran bitmap est que chaque point de l'écran
est individuellement manipulable par programme,
alors qu'un écran alphanumérique gère lui-même les blocs de points qui
affichent les caractères - d'une manière logiquement
équivalente à ce que fait une machine à écrire [la notion d'écran
alphanumérique s'oppose à celle d'écran graphique :
à présent tous les écrans sont graphiques - ou presque !] .
Dès lors, l'ordinateur a pour fonction essentielle de dessiner point par point sur
son écran, en continu,
au lieu de lui envoyer des signaux discrets correspondant chacun à un
caractère.
En particulier, il peut associer à un même caractère des rendus
graphiques différents au gré du programmeur.
L'imprimante
à laser, de son côté, réalise sur papier l'homologue du
bitmap sur écran.
Grâce à un médium de communication perfectionné (le langage Postscript,
ou son dérivé le Portable
Document Format PDF),
l'ordinateur peut lui commander des tracés arbitrairement compliqués.
En outre, l'imprimante sait interpréter les ordres de l'ordinateur avec
une résolution bien supérieure à celle de l'écran.
Elle apporte donc une valeur ajoutée, en réalisant un travail
d'impression de qualité comparable à celle des machines offset
des imprimeurs professionnels.
Dès lors, tout est en place pour que se développe une nouvelle
application de l'informatique, la PAO ou
Publication
Assistée par Ordinateur. Elle vient modifier profondément les
métiers liés à l'édition,
et réciproquement tout utilisateur d'un logiciel de traitement de
textes sur ordinateur se transforme, volens nolens, en
éditeur de ses œuvres.
En effet, toutes les questions de présentation du texte, de mise en
pages, de choix typographiques, qui étaient autrefois
confiées à l'imprimeur, sont désormais à la portée du rédacteur
lui-même.
Et la logique économique fait que ce qui est possible devient bien vite
obligatoire !