Représentation des nombres

Cours PLURITAL n°1 du 02/10/2007

Jean-François Perrot

  1. Développement d'un nombre
    1. Introduction, motivation
    2. Un petit rappel d'arithmétique élémentaire 
  2. Utilisation du développement par rapport à une base pour représenter les nombres.
    1. Linguistique
      1. Nommer en base 10
      2. Un vocabulaire infini ?
      3. Croissance logarithmique
    2. Écriture positionnelle
      1. Les restes deviennent des chiffres ...
      2. ... écrits de droite à gauche !
      3. Exemples :
    3. Commentaire

I. Développement d'un nombre

  1. Introduction, motivation

    Les nombres dont il est ici question sont les entiers positifs ou nuls, appelés par les mathématiciens les entiers naturels.
    Ceux dont Kronecker disait : Die ganzen Zahlen hat der liebe Gott gemacht, alles andere ist Menschenwerk.

    Les nombres sont par nature des êtres abstraits.
    La question qui se pose est celle de leur représentation concrète : par écrit, mais aussi par oral (dans le langage parlé).
    Peut-on désigner un nombre ? le nommer ?
    La réponse est en général non !
    À moins de recourir à une périphrase, comme le nombre e est la base des logarithmes népériens...
    (pour d'autres exemples, adressez-vous à votre mathématicien préféré).
    Bon, bien sûr, il y a ces fameux nombres transcendants, mais les entiers, justement, nous savons les nommer !
    Voyons de plus près.

  2. Un petit rappel d'arithmétique élémentaire :

    1. Étant donné un nombre naturel quelconque k, on en tire une suite de nombres compris entre 0 et N-1

      • en procédant par divisions successives par N
      • en s'arrêtant lorsque le quotient devient nul
      • et en prenant à chaque fois le reste de la division.
      (rappel dans le rappel : le reste de la division par N est compris entre 0 et N-1).

      Exemple : k = 854636 et N = 16

      854636 = 53414 * 16 + 12
      53414 = 3338 * 16 + 6
      3338 = 208 * 16 + 10
      208 = 13 * 16 + 0
      13 = 0 * 16 + 13

      La suite des restes en question est donc ici : 12, 6, 10, 0, 13.

    2. Réciproquement, la donnée de cette suite permet de retrouver le nombre k en "remontant" la chaîne des divisions :
      854637 = 12 + 16 * (6 + 16 * (10 + 16 * ( 0 + (16* 13)))) = 12 + 16 * 6 + 162 * 10 + 0 * 163 + 13 * 164

      On notera que les deux expressions ci-dessus sont équivalentes du point de vue de leur valeur (d'où le signe "="),
      mais pas du point de vue du coût du calcul de cette valeur :
      • la première nécessite seulement 4 multiplications et 4 additions,
      • la seconde y ajoute les calculs des puissances de 16
      La première suit le schéma de Horner, c'est ainsi que procèdent les ordinateurs ;
      nous verrons plus loin que la seconde n'est que la traduction en notation mathématique de l'énoncé ordinaire du nombre
      dans une langue comme le français.

    3. Conclusion : Pour n'importe quel N supérieur à 1 (pour pouvoir diviser !), il y a donc une correspondance biunivoque (alias bijection) entre
      • d'une part les entiers positifs
      • d'autre part les les suites de nombres compris entre 0 et N-1 dont le dernier terme n'est pas nul.

      La clause relative au dernier terme non nul est indispensable pour assurer l'unicité de la suite.
      On dit que N est la base, et la suite des restes s'appelle le développement du nombre donné par rapport à cette base.

    4. Remarque : cette correspondance est une loi de la nature, un fait établi par un raisonnement mathématique,
      qui n'a en lui-même aucun rapport avec le besoin qu'ont les hommes de nommer les nombres.

II. Utilisation du développement par rapport à une base pour représenter les nombres.


Cette mise en œuvre se fait à deux niveaux : linguistique et notationnel
  1. Linguistique

  2. Écriture positionnelle

    Le génie du système positionnel, inventé par les Indiens (et/ou par les Chinois), transmis à l'Occident par les Arabes,
    consiste à
    1. observer que seuls les noms des puissances de 10 constituent une série non bornée,
      les noms des nombres inférieurs à 10 pouvant être avantageusement remplacés par des symboles ad hoc, à savoir les chiffres ;
    2. éliminer les noms des puissances de 10 en les remplaçant par la position des chiffres dans la chaîne écrite :
      le chiffre logé à la kème position représentant le coefficient de la kème puissance de 10.

  3. Commentaire

    Attention ! Il faut bien comprendre la différence profonde entre une suite de nombres, objet mathématique, et un mot écrit avec des chiffres.
    Cela dit, cette invention géniale qu'est la notation positionnelle est à présent universellement adoptée, seul le choix de la base varie :
    10, ou 16 ou 2, parfois 8.