Alphabet et système phonétique de l'arménien classique

(réalisation en Unicode)

Cette page n'et que le cahier de notes d'un apprenti arméniste, autodidacte, informaticien de son état.
Son but est d'illustrer les bienfaits d'Unicode et d'essayer des procédés pour réaliser des pages multilingues.

Pour la lire agréablement, il vous faut

Observations bienvenues !

Sommaire :

Vue d'ensemble de l'alphabet
Le système phonétique
La ponctuation et l'accent
Exemples
Notes

Références :

Conspectus

36 lettres / phonèmes + 2 supplémentaires (0 et f) + la lettre "ev"

Avec les signes de ponctuation associés, elles occupent dans le catalogue Unicode
les positions 1329 à 1418 (hexa 0531 à 058A).
En outre, 5 ligatures sont répertoriées dans Unicode, avec pour numéros 64275 à 64279 (hexa FB13 à FB17).

L'aphabet grec a servi de base, on indique donc soigneusement les correspondances
(très utiles pour mémoriser l'ordre alphabétique !).
Sur les 36 lettres, 22 ont un prototype grec, les 14 lettres supplémentaires sont insérées parmi elles sans ordre apparent.

On donne aussi la translittération suivant le système Hübschmann-Meillet-Benveniste (note),
adopté par la Revue des Études Arméniennes.
Un outil permet d'effectuer "au vol" la translittération dans un sens ou dans l'autre,
ce qui offre un moyen commode pour écrire à la machine plus rapidement qu'avec la palette de caractères !

α β γδ ε ζ η θ ι κ λ μ ν ξ ο π ρ σ τ υ φ χ ω)
ԱԲ Գ Դ Ե Զ Է Ը Թ Ժ Ի Լ Խ Ծ Կ Հ Ձ Ղ Ճ Մ Յ Ն Շ Ո Չ Պ Ջ Ռ Ս ՎՏ Ր Ց Ւ Փ Ք Օ Ֆ
աբ գ դ ե զ է ը թ ժ ի լ խ ծ կ հ ձ ղ ճ մ յ ն շ ո չ պ ջ ռ ս վտ ր ց ւ փ ք օ ֆ և
ab g d e z ē ə t' ž i l x c k h j ł č m y n š o č' p ǰ s vt r c' w p' k' ō f ew

N.B. : [M, p. 31] cite les louanges de Meillet et de Benveniste sur cette notation, considérée comme exactement phonématique, mais...(note)

Système

Repris de [N p. 34-36].
  1. Les 6 voyelles

    α ε η ι ο + un nouveau "e muet"
    (7 avec le Օ médiéval) - Diphtongues nombreuses

    Arm. Phon.GrecCommentaire
    ա Աaα
    ե Եeε é fermé (?), pron. à l'initiale ex. Երեւան = (Y)Erevan
    forme diphtongue եա = ya
    fréquent dans les noms de famille, finale - եան (-ian)
    է Էēηe ouvert (?)
    ը Ըə e muet, la voyelle"secrète" [M p. 136]
    pas toujours écrite : cf. théorie de la syllabe(note) [M p. 36]
    n'apparaît jamais en finale, toujours à l'initiale
    (du mot ou du composant dans un mot composé ou dérivé).
    Ex. la préposition ընդ = à
    աստուածընտիր = choisi par Dieu (Աստուած = Dieu + ընտիր = élu, choisi)
    ի Իiι souvent désinence du génitif/datif
    Գրիգոր --> Գրիգորի
    ո Ոoοo ouvert (?), vo à l'initiale
    օ Օo o fermé, valeur acquise par la diphtongue au
    comme au allemand --> au français [N p. 35]
    lettre ajoutée au Moyen-Âge

  2. Les 2 semi-voyelles

    NomArm.Commentaire
    yodյ Յh à l'initiale, ex. Յովհաննէս = Jean H/Yovhannès
    apparaît souvent muet en finale (désinences régulières)
    wawւ Ւ (υ) forme souvent des diphtongues
    ու = fr. ou devant consonne/ v devant voyelle
    աւ = av -> fr. au -> o et 0 (arménien) au moyen-âge
    իւ = fr. you / iv en finale absolue

  3. Le système ternaire des 3 occlusives et des 2 affriquées

    NatureSourdeSonoreSourde aspiréeCommentaire
    Occl. vélaires կ Կ = k (κ)գ Գ = g (γ)ք Ք = k' (χ)Marque du Nom. pluriel
    Հայ = arménien
    Հայք =les Arméniens, l'Arménie
    Occl. labiales պ Պ = p (π)բ Բ = b (β)փ Փ = p' (φ)
    Occl. dentales տ Տ = t (τ)դ Դ = d (δ)թ Թ = t' (θ)Suffixe -թիւն formant des noms abstraits
    génitif/datif en -թեան
    Affr. sifflantes ծ Ծ = c ձ Ձ = j ց Ց = c' Suffixe -ացի formant des adjectifs d'origine
    Գրիգոր Նարեկացի = Grégoire de Narek
    génitif/datif en -ցւոյ
    Affr. chuintantes ճ Ճ = č ջ Ջ = ǰ չ Չ = č'

  4. Le système binaire des sifflantes et des chuintantes :

    SourdesSonores
    Sifflantesս Ս = s (σ)զ Զ = s (ζ)
    Chuintantesշ Շ = š (ξ)ժ Ժ = ž

    Ex. : Մեսրոպ Մաշտոց = Mesrop Machtotz (nom de l'inventeur de l'alphabet, au Vè s.)


  5. Nasales

    մ Մ = m (μ)désinence de la 1ère p. sing. էմ = je suis
    ն Ն = n (ν)désinence de la 3ème p. pl.. էն = ils sont

  6. Liquides

  7. լ Լ = ll "normal"
    désinence de l'infinitif : սիրել = aimer
    ղ Ղ = ł (λ)l "dur", p.ex. dans Ղազար = Lazare
    à présent vélarisé par rhotacisme, noté gh,
    sonne comme le γ du grec moderne ou le r vélaire français
    ր Ր = rr "roulé, bref et chuinté" [N p. 34]
    ռ Ռ = (ρ)r "roulé russe" [N p. 34]

  8. Gutturales

    հ Հ = h h "aspiré", p.ex. dans Հայ = arménien
    խ Խ = xach-Laut
    p.ex. dans Մովսէս Խորենացի = Moïse de Khorène

  9. et les continues labiales

    վ Վ = v consonne "normale", p.ex. dans Ւարտան = Vardan héros national
    mais apparaît souvent pour transcrire le ω grec en -ով- :
    Μωϋσῆς --> Մովսէս ; Ἰωάννης --> Յովհաննէս
    ֆ Ֆ = finvention médiévale pour noter le f latin, français, etc.
    qui ne faisait pas partie du matériel d'origine,
    comme le montrent les emprunts anciens [M p.32]

  10. La ponctuation


    Exemples

    Pour les lire en translittération HMB, utilisez donc l'outil prévu à cet effet !


    Notes

    1. Hübschmann-Meillet-Benveniste, ou HMB :
      C'est ainsi que [N p.34] désigne ce système de transcription.
      Sur sa présente réalisation en Unicode, voir le mode d'emploi de notre outil.

    2. Caractère "phonématique"

      ... puisque nous ignorons la prononciation exacte de l'arménien ancien, cette estimation est en fait une pétition de principe ! Dans le doute, on conserve la prononciation de l'arménien oriental, qui permet justement d'associer un phonème différent à chaque lettre (alors que l'arménien occidental confond deux séries d'occlusives), mais on ne sait rien de la quantité des voyelles (pour laquelle les exemples grec et surtout latin montrent bien que la notation vraiment phonématique est un rêve !). [M p. 30, suivant Me p.14] dit tranquillement que l'arménien ancien ne distinguait pas les longues et les brèves... How do we know ? En outre, la question de l'origine des deux dialectes occidental et oriental (distinction qui pourrait remonter à la plus haute époque, cf [N p. 36, citant F. Feydit]) vient jeter un voile de doute sur cette belle histoire...

    3. Théorie de la syllabe :

      L'arménien répugne aux accumulations de consonnes - contrairement à son voisin le géorgien ! Une syllabe ne peut commencer ni se terminer par un groupe de plus d'une consonne. La voyelle Ը est là pour s'insérer entre les consonnes et résoudre les groupes en syllabes.

      Étant donné une accumulation de consonnes, l'insertion de Ը se fait suivant les règles suivantes :

      • entre deux consonnes en fin de mot, sauf s'il s'agit d'une finale en Ք (marque du nom. pl.) précédée d'une consonne non-vélaire (autre que Կ, Գ ou Ք).
      • entre deux consonnes en début de mot, sauf s'il s'agit d'une initiale sifflante auquel cas Ը vient en première position et crée une première syllabe fermée par la sifflante (cf. le "s impur" en italien) - plus de précisions [M p. 36]
      • à l'intérieur du mot, syllabe après syllabe...

    4. La traduction de Th. J. Samuelian existe aussi sous forme de livre :
      The Armenian Prayer Book of St. Gregory of Narek
      texte arménien et traduction anglaise, VEM Press, Erevan 2001